vendredi 9 mars 2012

Me so'mbriacata

Les beaux jours sont en avance au rendez-vous et l'aventure recommence.

J'ai rencontré une super nana, Giulia, qui a fait son erasmus à Aix l'année dernière. Elle m'a trimbalée de soirée en concert et m'a ouvert à un nouveau monde de belles personnes musiciennes et engagées politiquement. Nouveaux horizons. Je suis allée voir les Bandabardo' avec elle dans une discothèque perdue à quelques kilomètres de Bari. Autant dire que sans voiture, on peut mettre une croix sur bien la moitié des évènements culturels.

J'ai participé à ma première fête de « laureata » (celle de Giulia). Et oui les italiens fêtent leur fin de licence en grandes pompes. Tout d'abord ils doivent présenter leur mémoire devant un jury, robe choisie quelques mois à l'avance et coiffeur oblige. C'est un moment très attendu puisque vu comme l'aboutissement de tant d'efforts mais également très stressant car il s'agit de parler de son travail dans un micro devant un amphithéâtre remplie d'amis famille mais aussi de parfait(e)s inconnu(e)s qui attendent de voir leur proche parler. Une fois le plus dur passé devant le regard plus ou moins sévère du jury qui doit attribuer une note sur 110, on passe au moment umiliation. En effet, les proches auront préparé la nuit précédente des montages avec les photos les plus ridicules de l'heureux/se élu/e ne faisant aucune impasse. Les « sedute di laurea » ont lieu régulièrement, presque tous les deux mois. Ce qui explique pourquoi il y a des dizaines de photos de personnes que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam affichées dans les couloirs et escaliers (évidemment les lieux de passage plus fréquentés) dans des situations les plus humiliantes. Ca vous donne envie de vous diplomer pas vrai? Après la découverte du merveilleux montage qui fait remonter souvenirs et larmes simultanément, on passe au folkore des confettis photos spumante et compagnie. Selon l'envie le/a Laureato/a organise une fête... En l'occurence Giulia a grave géré avec ses potes gérants de l'Ekoinè (un bar de Bari vecchia alternatif, eco-solidaire, lieu culturel, etc) qui ont cuisiné pour tout le monde à foison. Donc fête de 4h de l'après-midi à 2h du mat' dans ce petit coin de paradis, musique au rendez-vous bien évidemment.



Quelques jours plus tard j'étais conviée à un pèlerinage vers le Salento, pas loin de Manduria, dans une masseria, pour une fête populaire de pizzica: c'est une des nombreuses danses tarentelles (à l'origine son rythme effréné servait à exorciser les femmes piquées par des grosses araignées Lycosa tarentula). Accordéons diatoniques, tambourins, des voix, et des danseurs/ses au rendez-vous donc, tous milieux et âges cofondus. Je n'ai pas de mots pour décrire l'atmosphère qu'il y avait cette nuit-là, juste une énergie folle qui se dégageait de toutes ces personnes.


Suite à ce weekend avec Giulia, Andrea et Floriana j'ai décidé de prendre des cours de danse pizzica avec Floriana (une nana formidable qui sait faire un peu tout, de la cuisine à l'ekoinè, yoga, danse, couture, chant,...) à partir de fin mars.

http://youtu.be/m6M8Jv9jEw0 La pizzica di San Vito pendant la nuit de la tarante (mi août généralement, en province de Lecce. Grosse grosse fête de pizzica qui accueille toujours plus de participants chaque année apparemment. Je compte y aller cet été!). La base de la danse n'est en soit pas bien compliqué mais tout se joue dans la théâtralité, du jeu avec le partenaire motivé par les tentatives de prendre le foulard à l'autre.

Giulia m'a également fait découvrir les gens et le lieu de Villa Roth, nouveau squat à Bari (ancienne école), là où cohabitent 17 personnes et où s'organisent activités et assemblées politiques (notamment pour des manifestations antiracisme, sexisme et NO TAV, projection de documentaires,...) et activités culturelles (cours de jardinage, création de bijoux puis vente, concerts, cuisine, etc). Samedi dernier il y avait le documentaire sur la lutte No TAV « fratelli della tav » suivi d'un concert de Daniele di Maglie, au top!


Là-bas j'y ai rencontré Mbacke un écrivain sénégalais qui a vécu quelques années à Nice, puis pas mal de temps à Milan et tout récémment à Bari. Je suis en train de lire son dernier livre « Il pleut sur le Ndoukouman » qu'il a écrit en italien (étant parfaitement trilingue, au minimum), et je lui ai proposé d'en faire la traduction vers le français avec son aide. Avec Sergio un ami à moi ils montent un projet pour tourner dans les écoles de Bari et parler de racisme, en s'appuyant sur l'expérience réalisée aux états unis « Brown eyes blue eyes », docu de 15 minutes: http://youtu.be/8bWlTZZN3DY

A Villa Roth, ce weekend a débarqué Joshua un jeune américain de 25 ans qui s'est pris plusieurs moi pour voyager en Europe et rencontrer tous les mouvements de lutte dans les squats qu'il trouve sur sa route. C'est comme ça qu'il a passé quelques temps à Madrid puis une semaine ici à Bari, et demain il repart pour rejoindre Athène à pieds avec un groupe de militants multiethniques. Voilà son blog, allez on travaille son anglais: http://occutrip.com/from-madrid-to-bari-italy/

Dans la série bonne nouvelle: j'ai réussi de nouveau avec brio mon exam de Philosophie du langage (trenta e lode) et j'ai été acceptée pour faire partie du jury Panorama du Bifest (du 24 au 30 Mars, c'est bientôt!!!). http://www.bifest.it/?page_id=1497&preview=true

J'avais une petite semaine de libre sans cours ni exam, alors hop j'ai fait mon sac à dos et je suis partie en direction de Naples. J'ai fait la moitié du chemin, soit 129 kms de Bari à Candela en stop.
http://fr.mappy.com/itinerary_homepage#d%5B%5D=Bari,+70126,+70132,+...,+70128,+Pouilles,+Italie&d%5B%5D=Candela,+71024,+Pouilles,+Italie&endPos%5By%5D=41.13578&endPos%5Bx%5D=15.514668&ipo=1&p=itinerary
Ca marchait plutôt bien, j'avais été prise par deux personnes. Arrivée à l'autoroute qui m'aurait menée directement à Naples je me fais arrêter par un flic qui m'explique que c'est illégal de faire du stop sur l'autoroute. Ah bon bon je savais pas je suis française désolée. Il me met dans un bus direct pour Napoli et une heure et demie plus tard me voilà arrivée. Je grimpe je grimpe sur la coline et j'arrive à l'heure au rendez-vous avec le coucher de soleil sur le port, le vesuvio et l'île de Capri.


Je m'étais inscrite sur le site couchsurfing (vraiment bien foutu d'ailleurs, ayant pour objectif de rencontrer des personnes du monde entier pour échanger, boire un café mais principalement pour héberger ou être hébergé/e). La semaine précédente j'avais accueillie Cécile, une française de Clermont qui avait fait un petit voyage en Italie en stop avec ses ami(e)s, bien sympa d'échanger avec de parfait(e)s inconnu(e)s sur la vie et les voyages.




Bref je me suis gentillement fait accueillir chez Michelangelo (si si) en plein coeur du quartier historique, avec une super vue sur la mer. Le monsieur est un musicos contrebassiste, pianiste, guitariste (il a joué avec Capossela bordel!!!) et réalisateur rayon documentaires (il a notamment vécu trois ans à Istanboul pour un de ses projets). Bon encore un voyageur politisé musicien (ou peut être pas dans cet ordre). J'ai fait mon anti touriste pendant deux jours dans les rues napolitaines très ensoleillées, non sans manger le fameux Babà et l'orgasmique « vera pizza ».





J'ai rencontré des marins et une marine français/e et ils m'ont fait visité le bateau en mode VIP. Ils transportent des airbus 380 en pièces détachées en ce moment, mais ça change souvent. C'était drôle de rencontrer de vrais marins, toujours en voyage. Deux mois sur les vagues, et deux mois à terre, et rebelotte toute l'année comme ça, sacré rythme. Dans le lot y'avait des pères de famille pas loin de la retraite et des plus jeunes. La nana avait un sacré caractère et courage pour arriver à s'imposer et cohabiter avec le reste de l'équipage exclusivement masculin. Elle me racontait qu'il y a de plus en plus de femmes dans le métier. Petit à petit...
Le lendemain petite soirée avec Michelangelo et ses deux colocs erasmsus allemands. A la différence de Bari, à Naples il y a deux petites places où les jeunes se réunissent la nuit pour boire des canons et discuter tous ensemble. A Bari c'est plus éparpillé..il y a le port/bari vecchia, le centre Ateneo/taverne/piazzo umberto, Poggiofranco, et puis tous les bars aux quatre coins de la ville.

A peine remis un pied en terre Barese, me voilà embarquée dans une manif anti racisme avec le collectif de villa roth et pas mal d'immigrés. Je suis pas encore bien au point sur les chants révolutionnaires, mais ça va venir!



Le lendemain matin à Valenzano (le bled où habite Ale) on est allé écouter Giovanni Impastato le frère de Peppino (Cf: le film « Les cent pas » sur la mafia sicilienne). Les écoles étaient au rendez-vous et les enfants posaient des questions chacun leur tour et c'était vraiment touchant et intéressant. Il tendait à donner un message d'espoir pour une lutte efficace contre la mafia... Grande discussion sur toutes les formes de corruption au sud et en Italie en général. Elle est tellement omniprésente et nous touche de près ou de loin à des degrès différents certes mais il y a des cas où elle passe inaperçue et on ne la repousse pas forcément. L'exemple classique c'est: Et toi tu fais quoi quand on te propose un job en faisant jouer les contacts alors que t'es moins diplomé/e que d'autres pauvres bougres au chomage qui sont parfois même allés jusqu'au doctorat?




Cette semaine à l'occasion de la "journée" de la femme, dans la nuit 7 au 8 mars avec une bonne quarantaine de nanas et deux trois mecs éparpillés nous avons parcouru un quartier de Bari et pendant deux heures y avons rebaptisé les rues avec des noms de grandes femmes qui ont changé le cours de l'Histoire: http://bari.repubblica.it/cronaca/2012/03/08/foto/festa_delle_donne-31163185/1/
Moi j'avais choisi Emma Goldman et chacune d'entre nous avais proposé un nom qui lui tenait à coeur.


Sans les femmes il n'y a pas de révolution



jeudi 16 février 2012

Come le onde del mare

Pendant que certains se les pèlent au pôle nord à des températures inférieures à zéro, nous on grelotte un petit peu mais après deux semaines à 5 dégrés et deux grammes de neige dans les villages avoisinants, revoilà le soleil et un air plus doux, à 12°.







Niveau études, j'ai passé mon premier examen avec succès (histoire du cinéma italien), très bien avec félicitations du jury ("trenta e lode" italien). Je ne pensais pas ça possible pour une erasmus. J'ai décidé de passer deux autres examens dont je n'ai pas suivis les cours, ça s'avère plus difficile: philosophie du langage et sociologie des biens culturels. En ce moment c'est la période d'exams, je n'ai donc pas cours. Le deuxième semestre recommence début mars.

Je n'avais pas parlé du projet "traduire pour la scène" organisé par une prof de la fac de langues et l'alliance française de Bari. Nous sommes une équipe d'une vingtaine de traducteurs avec la mission de traduire une pièce de théâtre du français vers l'italien. En l'occurrence il s'agit d'une pièce sur la vie de la poétesse russe Marina Tsvetaïeva dans les dernières années de sa vie. Si tout se passe bien notre traduction devrait pouvoir être publiée, puis mise en scène par une réalisatrice de Bari, Teresa Ludovico. En bonus, la rencontre au mois d'avril avec l'auteure Véronique Olmi qui a écrit Le passage en 1995.
Un extrait qui me plaît bien:


MOUR. Un poète heureux! L'idée même vous répugne!
MARINA. Le bonheur! Le bonheur! Mais je l'ai cherché, moi, le bonheur! A quatre pattes! Des heures entières pour dénicher un trèfle à quatre feuilles! Le bonheur c'est ce que mangent les vaches.
MOUR, repoussant son assiette. Elles ont de la chance... Il y a de la cendre dans mon assiette, Marina Ivanovna...


Autre projet réjouissant: le BIFEST, à partir du 24 mars. Festival de cinéma à Bari, troisième édition, sous la présidence de... Ettore Scola! J'ai fait ma demande pour pouvoir faire partie du jury d'un section Panorama. Selon ma prof de ciné j'ai des chances d'être prise ayant fréquenté un cours de cinéma italien, mais j'ai peu d'espoir étant donné qu'il y a eu plus de 300 demandes pour 50 places. A voir fin février.

Je m'épanouis toujours autant dans les découvertes culturelles. Toujours plus de musique, si vous avez le temps:
-des Pouilles: René Aubry (Salento), Caparezza, U'papun, Faraualla, Bandabardo', Folkabbestia, Alessio Lega (qui a traduit Brel, Ferré, Brassens, et.. Leprest!), Domenico Modugno, Rhomanife...
-d'Italie en général: Mannarino, Petra Magoni, Capossela, Lucio Dalla, Gianmaria Testa, Francesco de Gregori, Max Gazze, Tre alegri ragazzi morti, Fred Buscaglione...


Et je visionne de plus en plus de films, dont un chef d'oeuvre d'Antonioni: Blow up, le film à scandale de Pasolini (Salo' ou les 120 jours de sodome) vraiment à éviter autour des repas, l'Otto e mezzo de Fellini (d'une poésie et misogynie déroutantes), les films d'ouverture et fermeture théoriques de la comédie à l'italienne, tous les deux de Monicelli (respectivement: I soliti ignoti, Amici miei), I mostri à savourer dans la même lignée que I nuovi mostri, Dino Risi mon idole, et puis d'autres plus récents et moins cultes dont: La vita facile avec le charmant Stefano Accorsi et un happy end exceptionnellement agréable, Passione un documentaire inédit sur la chanson napolitaine (avec une reprise et mise en scène de Don Raffaè de De Andrè admirable), l'émouvant Si puo' fare de Giulio Manfredonia qui m'a clairement réconcilié avec le célèbre Claudio Bisio(cf: Benvenuti al Sud/Nord), L'arca Russa de Sokurov que j'ai apprécié surtout pour sa prouesse technique (film réalisé en un seul plan séquence de 96 minutes).






Je suis allée deux fois au théâtre mais j'ai été déçue des représentations. J'ai découvert qu'il était possible de récupérer des billets gratuits pour aller au théâtre réservés aux étudiants de lettres ainsi que des entrées pour des concerts de musique classique. Je devrais réussir à entrer dans le Petruzzelli un de ces jours... à suivre.

lundi 5 décembre 2011

Une certaine dolce vita

Me r'voili me r'voilou, des aventures plein les poches!

Lac de Garde - Octobre 2011

Allo ici Bari, il fait 20° et nous sommes au mois de décembre. Je pense me faire le "bain de noël" la semaine prochaine avant de rentrer au pays des esquimaux. Il paraît qu'il a déjà neigé chez vous. MA DAVVERO?



Aujourd'hui est un grand jour! J'ai fait ma première PIZZA toute seule! Pff trop fastoche :) Y'a deux trois petits trucs à améliorer mais elle reste comestible malgré mes célèbres dégâts quand on me met dans une cuisine!

Carmen et Carmela, sa grand-mère



Toujours dans le rayon cuisine, j'ai appris à faire "les orecchiette" -des pâtes fraîches faites main en sommes- avec la grand-mère de Carmen. Pour vous donner une idée de la difficulté: j'ai réussi à en faire trois ou quatre (à forme approximative), et elle, à peu près 200... Oui, faire les pâtes à la main c'est un ART! En tout cas j'étais trop heureuse de pouvoir mettre enfin les mains à la pâte (façon d'parler!) depuis le temps que je harcelais mes ami(e)s pour apprendre! Comment qu'on fait? Mélanger de la farine de blé dur avec de l'eau et travailler la pâte au maximum. Ensuite faire des sortes de rondins-serpents en roulant la pâte sous les mains jusqu'à obtenir un diamètre d'un pièce de 2 centimes approximativement. Se munir d'un couteau XIXème siècle et pour la suite faudra venir voir mon geste si professionnel! :) Aligner les pâtes côte à côte sur une planche en bois et couvrir d'un linge. Laisser sécher un peu moins de 24h, et le lendemain vous pouvez les cuisiner en sauce!







Toujours pour parler plaisirs du palais, je continue à me goinfrer délecter des mets les plus gras et caloriques délicats qu'on peut trouver dans les Pouilles. Giuseppe cuisine toujours aussi bien, risotto, pâtes... big up pour le gratin d'artichauts et les champignons d'Altamura. Pour ma part je cuisine les éternels crumble & cake camiliens, puisque tout ce que j'entreprends de nouveau ici est voué à l'échec (cf: sauce aubergine courgettes et ricotta).

Ale et son unique renne réussi


Restera gravé dans les mémoires un certaine soirée "biscuits de noël" avec Alessandra, Giuseppe, Sabrina et Carmen... A faire des dizaines et des dizaines de biscuits en forme d'ourson, de rênes, et autres escargots ou hérissons jusque tard dans la nuit, fou-rires et enfarinement garantis! Respectivement Ale et moi-même à la pâte et Giuseppe et Carmen aux fourneaux et au nappage chocolat! Suivi d'un moment repos dégustation et alcolisation au bailey's qui n'a pas hérité d'une fin des plus glorieuses. En effet, les jeunes étudiant(e)s si studieux ont fini par rejoindre leurs doux édredons autour de 2h du matin. Une petite demie heure plus tard, surprise: des bruits de verre retentissent dans nos jeunes oreilles endormies. Tous debouts réunion cuisine: l'étagère elle aussi épuisée avait baissé les bras: à terre, joyeux mélange de verre (beaucoup de verre), de Bailey's, d'artichauds et d'aubergines sous huile (beaucoup beaucoup d'huile), et puis aussi une liqueur au réglisse il me semble, le tout, saupoudré de noix de coco. Un dé-lice! S'est ensuivit une lutte existentielle sur l'utilisation de tel ou tel balais ou serpillière pour nettoyer les dégâts (morale: ne jamais posséder plus d'un balais chez soit).
Nous nous sommes tant aimés, d'Ettore Scola





Et les cours, l'université qu'en est-il me demanderez-vous harcèlerez-vous!!!
Disons que pour être honnête je n'étudie pas assez... et j'ai encore une bonne dizaine de livres à étudier. Les cours d'italien sont toujours aussi géniaux! Sinon j'ai vu "c'eravamo tanto amati" d'Ettore Scola en cours et gros coup de coeur! Ces temps-ci il y a beaucoup de colloques organisés à l'Ateneo, notamment sur un des mes écrivains italiens préférés (qui est aussi réalisateur) Mario Soldati et Nino Rota.








En parlant d'évènements culturels... soit dit-en passant beaucoup trop nombreux en ce moment (ça me fait rager parce que je peux pas tout faire en même temps: Don d'ubiquité viens-à moi!). Cinema allo specchio: backstage de films des Pouilles (Mio cognato, Il passato è una terra straniera, Mine Vaganti,...) avec un répertoire assez varié allant d'un vieux Tim Burton (Ed Wood) en passant par Fellini et en finissant sur du Olivier Assayas, du Elia Kazan, ou bien entendu du Nanni Moretti, Truffaut, Wim Wenders, Michel Gondry... Et tout ça à un prix ridicule! Enfin c'est bien cool quoi! J'ai donc vu "Sogni d'oro" de Moretti, et aussi "Scialla" tourné à Rome, alors forcément nouveaux accents, nouveau dialecte, avec l'incruste d'un type avec l'accent de Brescia.... à mourir de rire et à me rappeler le lac de garde, il y a deux ans.

Scialla de Francesco Bruni


XXY de Luci'a Puenzo
Je suis allée voir XXY dans un petit cinéma d'auteurs, presque par erreur... on devait aller voir un autre film tourné dans les Pouilles et finalement le film avait été remplacé et on s'est fait méchamment accueillir parce que ça plaisait apparemment pas à l'ouvreuse de projeter des films gay, queer ou trans... "On peut en savoir un peu plus sur le film, de quoi ça parle...?" Elle fait semblant de m'ignorer pendant un temps, puis: "Oh c'est un film, mouai, j'connais pas vraiment, c'est un film de de, enfin, fait par des, enfin pour des... gays". OH MON DIEU UN FILM DE GAYS POUR DES GAYS on va tous mourir. Hmm bref, j'adore me rendre compte que les connes homophobes existent même dans les petits cinemas d'auteurs!




En parlant de Gays j'ai rencontré des collectifs gay, queer et même féministe et tous les festivals et bars alternatifs qui vont avec! J'ai trouvé THE bar troooop cool! C'est une sorte de Bayard le mardi soir et sinon il est immense avec un sous-sol pour les concerts. En haut ils ont aménagé pleins de petits espaces intimes: tissus, canapés, guitares, bougies, télé,... Et la déco est trop chouette avec pleins de lampes originales qui projettent toutes sortes d'ombres sur les murs. C'est un espèce de club privé (pour entrer il faut avoir sa carte d'adhérent) mais je trouve ça plutôt bien, pour éviter les péteux et les fachos!






Il y a pas mal de manifestations contrairement à ce que je croyais. Le 25 novembre pour la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, flash mob dans la rue piétonne avec la symbolique des masques blancs. J'ai découvert grâce à l'évènement l'association des "persona libro" (personnes livres)... Le principe c'est un groupe de personnes qui décident d'apprendre un bout de texte (ça peut être une phrase, une page...) lié à un thème commun par coeur, et de le réciter en public. Il ne s'agit pas de théâtre mais bien de mémoire collective, et j'ai trouvé ça beau. A voir pour plus tard si un thème m'inspire... C'est un peu une façon de partager les citations des bouquins qui nous ont touché. Bref, ça a eu lieu dans une librairie et les voix tremblantes de ces femmes de tous milieux qui racontaient leurs mères, leurs soeurs et leur grand-mères c'était émouvant. J'ai découvert les assos féministes Clitoridee, le Glamorama,... grâce à Manuella une super nana, passionnée par la culture et la langue anglosaxone.

Manif avec Marta

Toujours dans le même rayon, il y a eu une manif lycéenne-italienne il y a un mois de ça. Faut pas croire, ici aussi la situation est catastrophique quant aux services publiques!
J'ai trouvé un chouette collectif d'étudiants militants à l'ateneo. Ils ont une salle qui leur est réservée qu'ils ont peint en... rouge, je vous le donne en mille! Personnalisée d'un tas d'affiches, de tracts pour manif dans toutes les langues des pays en révolte. Ils organisent en ce moment un contre-cours à l'université répartit sur trois dates sur les origines du fascisme, l'arditisme et l'antifascime à Bari.

Je continue de rencontrer tout un tas de gens trop cool! Notamment les étudiant(e)s de l'asso dei studenti indipendenti de langue (une asso étudiante): Nicla qui a fait on erasmus à Paris l'année dernière, militante à Greenpeace, Giorgia spécialisée sur la culture américaine, deux bouts de femmes supers! Pensée pour Nicola, Caterina, Raffaele, Donatella... En souvenir d'une soirée dégustation de vins (ces derniers suivent un vrai cours d'oenologie.. Je suis jalouse) dans un parc de Bari.

J'ai rencontré deux autres étudiantes des "studenti indipendenti" de lettres (à l'ateneo donc), Simona et Katia. Donc big up, car sans vous j'étais perdue pour choisir mes cours et les leçons de latin seraient bien plus tristes.





Niveau voyages j'ai pas trop bougé. Je suis allée faire un tour à Ostuni (là où habite la famille de Sabrina), la ville blanche, petit coin de paradis en hauteur, avec la mer à 7 kms d'oliviers plus loin. J'y ai rencontré Giorgia son adorable cousine guide. On a fait un super tour au bord de la mer avec la moto de Sabri (non le stéréotype des motos et scouters en italie n'en est pas un!) On est tombées sur un vide grenier trop chouette et je me suis éclatée avec mon appareil photo, vous me connaissez.



Giorgia



Carmen et ses frères






Je suis aussi allée à Altamura (famille de Carmen cette fois-ci), petite
ville plus retirée dans les terres, à la frontière avec la Basilicata, et à l'entrée de la Murgia (campagne des pouilles). On est allé au Pulo: un énorme trou au beau milieu de la campagne. Au coucher de soleil, c'était splendide! J'ai regardé le documentaire "Focaccia blues" sur un fait divers pas si divers: figurez-vous que dans cette petite ville s'était implanté un Mcdo au début des années 2000 et ... que pour la première fois dans l'histoire, Mcdonald's a été obligé de se ... déplanter très peu de temps après. Le pauvre Donald a fait faillite à côté du boulanger et ses merveilleuses fougasses! Et une victoire pour les italiens, une! C'est vrai que quand on y pense niveau qualité prix... je vois pas qui préférerait manger un hamburger tout minus rabougris au pain artificiel plutôt qu'une excellente fougasse tomates olives origan et huile, que des produits régionaux!




Antonello, Pippo et Ricardo


Je vais toujours à la maison du bonheur de temps en temps chez les scouts. Une belle troupe de rigolos, d'artistes, et de belles personnes. Delia une des chef est propriétaire d'un bar de Bari Vecchia, le "Why not", et Roberta y travaille aussi. Ensuite il y a Alfonso qui a enfin trouvé le courage de se lancer dans le récit d'un conte rite de passage avec les louveteaux, et puis il y a Tiffany, Diego, Gianpiero qui déménage à Lecce au pays des malpolis, la bella Marika, la bande d'aînés plus qu'accueillants, et Ricardo toujours au rendez-vous, et puis enfin gros big up à Pippo et Antonello le pianiste d'un groupe barese "averla piccola" trooop cool: http://www.youtube.com/watch?v=UVKJAJybxzg, avec qui je suis allée voir Yann Tiersen en concert (très très déçue par sa musique moderno expérimentale). J'adore l'humour d'Antonello, toutes les occasions sont bonnes pour sortir l'ironie... On a étudié deux trois fois ensemble à l'ateneo mais on a fini par déménager (article à venir sur la situation des bibliothèques universitaires) parce que c'est mission impossible pour y travailler avec un minimum de sérieux et de liberté. Il m'a fait découvrir la super bibliothèque d'archéologie en plein Barivecchia (il faut vraiment le savoir qu'elle est là parce qu'elle est bien planquée).

Dans la série "j'ai de la chance", je suis allée au concert de Monica (la soeur d'Alessandra). Je n'avais pas pris mon appareil photo, mais aucun problème parce qu'un parfait inconnu m'a prêté son énorme réflexe au bout de deux secondes, confiance absolu. Voilà une photo de la belle donc.




Giorgia et moi pour la soirée "Panzerotti"
Pour rassurer un peu les troupes: mes cheveux ne sont restés rouge que trois jours contrairement à ce que certains pensaient. Maintenant ils sont bruns avec des reflets rouge auburn et c'est plus cool. Je suis allée chez le coiffeur me faire couper les pointes hier, épisode à raconter absolument. Pour la première fois de ma vie je me suis faite coiffer et chouchouter par un homme, la quarantaine, barese. La scène était assez comique... Pendant qu'il me coiffait il parlait à un autre bonhomme, qui lui servait de repose sèche cheveux de temps en temps. Mon coiffeur faisait de grands mouvements avec ses bras et ses mains et son corps (vous connaissez les italiens) avec le sèche cheveux en main pour expliquer des magouilles à son pote derrière moi. En somme, ils parlaient affaire. Ensuite j'ai eu le droit à la morale parce que j'avais teint mes cheveux toute seule avec des produits de merde (comme d'hab) et que je lui volais son boulot. Puis quand il eut fini - je crois bien que ça le tracassait depuis un moment - il m'a demandé si j'étais de Bari. "Non non je suis française, mais j'y habite pendant un an"... J'ai eu le droit à tous les compliments pour mon italien presque sans accent... Ce qui ressort souvent c'est que les gens sentent un léger accent étranger mais ils auraient jamais pensé que j'étais française... Sa femme et sa fille (on travaille en famille ici vous le savez) s'approchent, et elles confirment que je n'ai pas non plus une tête de française. Bon bon. Reviens quand tu veux, patati patata. Aaah j'adore Bari, toujours plus proche vous.


J'allais presque oublier la big news: J'AI TROUVE UN BOULOT! Bon d'accord, ce n'est pas un travail de dur labeur, penchée sous le soleil pour ramasser des tomates 14h par jour. En fait je donne des cours de français à un médecin qui doit passer un entretien à Paris la semaine prochaine. C'est plutôt chouette parce qu'il me paye bien, et je le vois tous les jours deux heures. Il a beaucoup de mal à intégrer de nouveaux mots, mais dans les bons jours il arrive à faire des phrases compréhensibles. Il m'a invité à manger chez lui, il cuisine trèèèès très bien, et sa fille s'appelle CamillA mais veut se faire appeler CamillE depuis qu'elle me connaît. Le monde à l'envers ou l'herbe du voisin est toujours plus verte.... Ah et puis au fait, il ne me paye qu'en billets de 50 euros. Mais c'est un détail, je suis d'accord.






Procession de Saint Nicolas

Sinon sinon, cette semaine c'était rempli de fêtes régionales à Bari. La nuit du 5 au 6 décembre c'est la fête de Saint Nicolas, le saint protecteur de Bari... C'est ainsi que moi, Camille grande athée, ais passé une nuit blanche et ais traîné mes amis à la messe de saint nicolas à 6h du mat'. C'est vraiment un moment magique, au coeur des traditions méridionales, et c'est à ne pas louper! Les rues de Barivecchia étaient remplies de gens de tout genres et tout âges. Il y avait tellement de bouchons pour arriver à la basilique qu'on a fait un cordon en se donnant tous les mains et j'ai aidé une mémé abandonnée à rejoindre sa famille. La basilique toute illuminée, avec une crèche grandeur nature en face. Dans toutes les ruelles et devant la basilique, des dizaines de mamma italiennes préparant "le sgagliozze" dans des énormes contenaires en métal (elles y faisaient frire des rectangles de polente), et là aussi des queues interminables pour en acheter (à 6h du mat). Pour aller écouter la sainte messe, il fallait ruser, ou doubler les gens dans la file, et une fois à l'intérieur, après quelques instants d'éblouissement, on commence lentement, tout doucement à se rendormir, bercés par la voix du prête. Merveilleux! (même les fidèles hein). Au bout d'un moment, ayant atteint mon maxi seuil de tolérance religieuse, je suis sortie. Et la mer étant à dix pas, je me suis baladée au bord de la mer, sur les remparts, le lever de soleil en toile de fond. Et puis là, tu ne regrettes plus du tout de t'être levée après deux heures de sommeil. Les premiers pêcheurs partent au large sur leur petite barque pour la journée, les autres communs des mortels se réveillent et prennent leur voiture pour venir tout polluer et tout gâcher. On est allé manger un bon croissant au nutella, ou crème citron au choix (y'a pas d'heure, l'important c'est que ce soit entre 22h et 8h du mat'), et puis zou au lit à 7:30.




Réveil 13h pour aller en
cours de latin, puis pour donner les cours de français au médecin. Ensuite je suis allée rejoindre la procession dans les ruelles de Bari vecchia: le saint est sorti de l'église et promené dans tout le centre historique, avec un orchestre dans son dos, et des tonnes de gens qui suivent le cortège. Après plusieurs heures de labyrinthe on arrive en bord de mer, chants de prières en -je-ne-sais-pas-quelle-langue (peut être en russe). Puis feux d'artifice sur la mer. Cinq minutes après le bouquet final, on faisait la queue pour les sgagliozze avec Ale, et pluie battante, on était stra-trempée en moins de deux minutes. J'ai été prise d'un fou-rire pendant qu'on courrait pour se mettre à l'abri. L'eau avait tout inondé, et les ruelles était déjà remplies de rivières. On s'est réfugié dans une pizzeria, bien méritée.






San Nicola

Comme vous le savez tous, je rentre deux semaines et des poussières à Grenoble pour revoir vos bouilles du 18 décembre à minuit au 4 janvier en fin d'après-midi. Les ami(e)s ont déjà commencé à prendre rendez-vous avec Madame la ministre, alors... tous à vos agendas! Si vous pouvez vous rendre disponible aussi à partir du 28 décembre, j'accueille à la maison trois ami(e)s de Bari: Alessandra, Giuseppe son copain, et Monica sa soeur (la chanteuse), et je voudrais vous les présenter!







Alors à très vite, J-9 !