lundi 12 septembre 2011

Le voyage vers la Puglia

11/09

Et voilà, la nouvelle vie a commencé! Je suis partie samedi 10 à 16h30, gare routière de Grenoble avec la compagnie de bus Marino. C'est une sacré chance que j'ai eu: le car était presque vide.
J'y ai fait la rencontre de Domenico au deuxième étage. Futur juge, il vit avec son fils Marco à Clermont-Ferrand. Il retourne régulièrement al paese (Corato) à 35 kms de Bari.
Les chauffeurs nous ont passé plusieurs épisodes de "romanzo criminale", histoire de s'habituer à l'accent du Sud. Il y avait beaucoup d'anciens dans le car, tout contents de retourner au pays. On s'est arrêtés toutes les 4 heures dans les autogrills, caffè stretto sur caffè stretto. Moi et mes dix kilos de bouquins dans un sac en toile de peur de m'ennuyer, je n'en ai pas ouvert un seul! Papa m'avait préparé à manger pour 5 jours. Stessa cosa. Alors on a pas mal discuté avec Domenico, de la vie barese, de l'Italie du Sud.
J'ai très peu dormi (con la maschera di Zoro) et du coup j'ai pu lire en entier "Coloc" de Benjie et le scénar de Pierrick. Un peu endormis à 6h du mat', nous nous fîmes réveiller par de charmants anciens du paese qui avaient fait le voyage depuis le Luxembourg. Deux vieux se sont crié dessus en patois pendant bien 3/4 d'heure, sortant parolacce sur gros mots. La scène était à la fois drôle et effrayante: on ne savait pas s'ils allaient en venir aux mains ou pas. Je pouffais pas mal avec Domenico: raté pour essayer de dormir encore une heure ou deux. Je me souviens de phrases marquantes par-ci par-là, tipo; "a sta zitt', ora basta, smetti di parlare", "non dire parolacce cosi' caro mio, non si fa, soprattutto davanti alle DONNE, non si fa!" Qu'est ce que j'ai pu me marrer! Et moi de lui répondre: "senti Signore, pure io le dico le parolacce sa" (vous savez monsieur, moi aussi j'en dis des gros mots) ironique.
Bref, le car arrivé dans les Pouilles s'est arrêté dans presque tous les bleds. 15 heures de voyage plus tard... Domenico est descendu à Corato. Lever de soleil sur la campagne abandonné. Petites maisons en pierre, oliviers à perte de vue, et au fond la mer. Paysage tout nouveau pour moi, c'était splendide. Il faut avouer que les bords d'autoroute étaient assez crades et faisaient ressortir le côté "tiers-monde" mais c'est le Sud mes amis. J'ai finit par descendre moi aussi. Gare de Bari, Largo sorrentino.

J'ai pris tout mon bardas et je suis descendue. "J'ai attendu attendu il n'est jamais venu". Non sans dec', pendant l'espace de dix minutes j'ai eu la sensation d'être un gros paquet abandonné sur le bord de la route. Après tout ce que le vieux avait voulu me fourrer dans le crâne sur l'insécurité, l'imigration... pff, c'est con mais.. j'avais hâte qu'on vienne me récuperer, comme un gros paquet justement. 8h27, ça y est, même sans mes lunettes, je sais que c'est Giuseppe qui arrive. "Piacere, Camille, Giovanni". Son ami s'était levé de bon heure pour venir me chercher lui aussi. Giuseppe, le copain d'Alessandra était un parfait inconnu pour moi mais j'étais sacrément heureuse qu'on vienne me chercher et qu'on s'occupe de moi. Malgré la fatigue je ne cessais de parler, de donner mes impressions, de poser des questions sur tout. J'ai appelé la signora Fortunato (ma proprio) pour l'avertir que j'avais une heure d'avance. On a attendu au 106 via quintino sella. Giovanni m'a complimenté sur mon gros sac à dos bleu, selon lui très Skaout. Et puis elle est arrivée, joli appareil dentaire en bouche, dans les quarante cinq ans. Elle m'a demandé le fameux "codice fiscale" nécessaire pour s'inscrire un peu partout et surtout ici pour faire le contrat mais comme je ne l'avais pas elle est allée photocopier ma carte d'identité en bas. J'ai enfin pu prendre une douche dans la salle de bain rose, à CASA MIA ragazzi! Trop adorable la signora m'a apporté coussins, draps, couette parce qu'évidemment, je n'avais rien de tout ça. Ah et puis la porte d'entrée est blindée parce qu'il y a eu quelques vols paraît-il.
On est allés faire un tour en ville. En bas de chez moi il y a boucher, épicier et même marchand de tapis! La fac est à 3 minutes à pieds (je perdrais du temps si je venais en vélo). La fac de langues est toute petite comme un mini lycée et un peu moche mais à côté il y a l'Ateneo pour les lettres et tout le reste et le palais est magnifique avec des parcs tout autour. Le port n'est pas loin non plus (15 minutes à pieds) et la gare se trouve juste derrière l'université.
On a pris notre p'tit dej' en terrasse avec les garçons et je leur ai payé la tournée des cafés pour les remercier. Ils étaient tout gênés et m'ont dit merci en baissant les yeux. Dans les rues on a surpris une dizaine d'anciens debout autour d'une table, parlant fort, jetant cartes et argent.. Aaah l'Italie du Sud quoi. Che caldo pero'! Ici on se croirait en plein été. Il fait over chaud, le ciel est bleu et encore bleu. J'ai repéré une chouette balade à faire en bord de mer.
Giuseppe m'a ammené chez lui (il habite à Valenzano, à 15 minutes en voiture), je me suis endormie comme une masse sur le lit de ses parents. Réveillée une demie heure plus tard pour déjeuner. Sa mère était ravie de m'accueillir alors j'ai eu le droit à des "premiers" jambons, grana, mozza, artichauds froids en sauce, la pasta al sugo (orechiette) puis des figues fraîches et au moment de la torta (gâteau) j'ai du décliner pour ne pas exploser. Bien entendu je suis repartie avec un sac rempli des légumes de son papa (concombres, tomates cerises, figues). Il a un jardin dans la campagne, et il cultive en BIO! Sa mère n'a pas pu s'empêcher d'y rajouter quelques brioches au cas où je meurs de faim au p'tit dej' le lendemain (elle ignoait que mon père est au moins aussi poule qu'elle parfois et qu'il me restait un paquet de choses à manger à la maison). Bref, c'était formidable d'être accueillie comme ça.
Avec les ragazzi on est allé faire les scommesse (paris) pour les parties de foot qui se jouaient le dimanche aprem dans toute l'Italie. On a rempli une petite fiche  en y inscrivant nos prévisions, on a donné un 1 euro chacun. (hééé oui je m'adapte à la culture méridionale!) Giuseppe m'a reconduit chez moi parce que je tombais de fatigue (Stanca mortaaaa sono que je disais).
Je me suis mise au lit à 14h30, ayant déjà fait pas mal de choses depuis mon arrivée! Boules kès, fenêtres ouvertes, stores baissés, et c'est partit pour un bon somme. J'émerge à 20h30, la nuit est tombée. J'ai reporté le rendez-vous avec Fabrizia. Tout doucement je m'habitue à l'appart, à ma chambre, mes deux armoires (dont une intégrée dans le mur, cachée derrière un grand miroir). Je range mes affaires. Appel de Domenico, il viendra me voir dans la semaine.

3 commentaires:

  1. Ça m'a l'air d'avoir été un bon périple !
    J'ai bien aimé le code-mixing (ou switching^^ je ne sais pas) de ton commentaire ^^ Une perle linguistique :p

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  2. Ah et je m'appelle ROMAIN et non ASSOCIATION ^^

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  3. Romain K. ? :p
    C'est du foutage de gueule pour le code switching?!

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